" à la lumière
des moyens du bord "
Par Dominique Dhervillez, urbaniste
"à
la lumière des moyens du bord ", Friche industrielle Hydrex à Montreuil. 1997.
Dimitri
Xénakis, bâtisseur fou de l’éphémère,
détourneur de bois récupéré, par son acharnement
(la lumière des moyens du bord ?)
à déchiffrer
les formes, nous propose des sens à donner à l’espace,
par les structures insolites qu’il offre à notre attention.
Quoi de plus difficile, de plus artistique et de plus généreux
que de s’emparer de ces liteaux, ces planchettes dérisoires,
délaissées
et brisées, les assembler et défricher
l’espace sans fonction et transmettre une série d’émotions
et de tensions
qui entrent en
résonance avec les nôtres.
Ainsi, se forment, à travers le registre des formes sans échelles,
des enchaînements d’idées, des rassemblements curieux,
insolites.
C’est
quand on est sous les tables de la classe …
C’est
une tour …
C’est
un métier à tisser …
C’est
une maison à l’envers …
C’est
l’usine qui fabrique la ville …
… ont
dit des enfants en visitant le chantier de son travail.
Des interprétations multiples s’ouvrent, sur les espaces
habités ou les objets usuels remis en question, sur notre environnement
que nous avons tant de mal à comprendre ou à représenter.
Ici les matériaux s’agrégeraient tous seuls, dans
une révolte des
soldats de plomb.
Mais la révolte est pensée,
elle vise au bouleversement de l’ordre des choses établies,
où la métaphore, jeu simpliste,
disparaît
au profit
d’horizons nouveaux pour reconsidérer la forme des objets,
de l’architecture, de la ville, de l’œuvre d’art.
Les formes sensibles, fragiles, la perspective transgressée par
les fuyantes aux directions multiples font de l’œuvre de Dimitri
Xénakis,
par les interprétations qu’il nous propose
des lieux et des sites sur lesquels il travaille, une contribution à
la compréhension de la
complexité qui nous entoure et dont
la connaissance devient une urgence.
Février
1997 |
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